La veille des élections municipales du 29 novembre prochain, c’est le moment choisi par la direction nationale du Front des forces socialistes pour se restructurer au niveau local. Au sein de cette formation politique, qui a été classée première dans la wilaya de Tizi Ouzou, suite aux législatives du 10 mai dernier, l’effervescence est de mise depuis l’annonce de la date de la tenue des locales.
Le nombre de réunions tenues depuis la convocation du corps électoral par le président de la République a battu tous les records. Le parti est en train de renouveler l’ensemble de ses sections et l’objectif, selon les responsables du parti au niveau de la wilaya, c’est d’atteindre les soixante sept communes. Un défi qui semble difficile à relever compte tenu des problèmes dans lesquels se débat le parti. Le premier secrétaire du FFS, Ali Laskri, sera d’ailleurs à Tizi Ouzou le 15 de ce mois afin de superviser personnellement l’élection d’un nouveau secrétaire fédéral. Ce sera l’occasion de remettre les pendules à l’heure, mais Ali Laskri aura beau déclarer qu’il n’y a pas de crise au FFS, la réalité sur le terrain ne manquera pas de le démentir. Il faut dire, en revanche, que le FFS est en quelque sorte victime de son fort ancrage dans la wilaya de Tizi Ouzou.
À chaque veille de tenue d’élections, les appétits s’aiguisent. La direction du parti éprouve du mal à confectionner ses listes de candidats sans froisser un grand nombre des siens. C’est d’ailleurs le scénario auquel on a assisté lors des élections législatives du 10 mai dernier. Une vague de mécontentement avait frappé le parti dans les quatre coins de la wilaya suite à l’annonce des quinze figures choisies pour représenter le parti au parlement. Après cette annonce, des cadres très actifs et également anciens au FFS n’ont pas hésité à s’éclipser de la scène politique, sans faire trop de bruit. Mais d’autres personnalités du premier parti d’opposition, très connues, ont fait le choix de ne pas se taire.
Des cadres du FFS, lesquels il n’y a pas longtemps, en étaient les figures de proue, ont commencé à s’organiser au lendemain des dernières législatives pour déboucher sur l’organisation d’un meeting des contestataires du FFS, tenu le 12 juillet dernier à la place de l’ancienne mairie de Tizi Ouzou. Djamel Zenati, Mustapha Bouhadef, Samir Bouakouir et tant d’autres encore se sont retrouvés dans la ville des Genêts pour dénoncer ce qu’ils qualifient de confiscation du parti par « une poignée » de personnes mais aussi pour vilipender le détournement du fleuve du FFS, lequel devait mener au renforcement du cheminement démocratique en Algérie, ont-ils rappelé.
C’est dans la wilaya de Tizi Ouzou que la vague de dissidence au FFS se fait ressentir le plus et à Béjaïa aussi, compte tenu que ces régions représentent en quelque sorte le fief du FFS. C’est d’ailleurs Tizi Ouzou qui a été choisie pour accueillir la première sortie publique des mécontents du parti, le 12 juillet passé. Il va sans dire que la crise qui secoue le FFS ne sera pas sans conséquence sur la récolte en sièges qui lui reviendra de droit au lendemain des prochaines élections municipales. Ceci a été vérifié lors des législatives du 10 mai.
Tous les observateurs locaux s’accordent à dire qu’en l’absence des turbulences ayant germé au sein du parti, ce dernier aurait pu arracher plus de sièges au parlement dans une région où l’intérêt à l’activité politique ne cesse de décroître.
L’idée d’organiser des minicongrès à l’échelle des communes est donc ingénieuse à plus d’un titre car elle permet au parti de rebondir après une relative longue léthargie aux niveaux locaux. Mais cette initiative pour louable qu’elle soit, elle ne manquerait pas de faire surgir encore des mécontentements comme cela fût le cas, il y a quinze jours, dans la région des Ouadhias, où 25 militants actifs, ont remis le tablier.
Aussi, des rumeurs persistantes font état de la forte probabilité que des contestataires du FFS présenteraient des listes indépendantes. Une manière de prendre leur revanche sur une direction nationale du FFS, qui, selon eux, fait la sourde oreille à toutes leurs sollicitations. Mais cette option semble prématurée pour l’instant car pour peu que le FFS ouvre ses portes à tous ses enfants serait un geste de bonne volonté qui pourrait à coup sûr tempérer les ardeurs aussi bien des contestataires que des dissidents. Les responsables du FFS n’ont sans doute pas oublié que, c’est à cause des problèmes internes du parti, que lors des élections municipales de 2007, la majorité à l’APW de Tizi Ouzou leur a échappé de justesse ainsi que la première place en nombre d’APC conquises. C’est son frère ennemi, le Rassemblement pour la culture et la démocratie qui en a tiré profit. Assistera-t-on au même scénario ou y aura-t-il éveil au sein du parti de Hocine Ait Ahmed. La réponse ne sera connue qu’après la confection des listes des candidats.
Aomar Mohellebi