A chaque échéance, les militants du FFS se réunissent pour donner leur appréciation sur la situation générale du pays et se prononcer sur la route à suivre pour la période à venir.
De leurs débats, ils sortent invariablement réduits à entériner des décisions dans lesquelles ils sont généralement peu nombreux à se reconnaître.
Les différentes crises que le FFS a connues n’ont rien changé aux dysfonctionnements qui l’empêchent de s’élever au rang d’un parti moderne. Au contraire, à chaque échéance, les militants voient se renouveler le même jeu stérile qui détourne leurs volontés et bafoue leurs convictions.
Les décisions prises par une direction bricolée dans la précipitation sont loin des attentes des militants qui considèrent la participation comme une faute grave qui s’ajoute à leur crainte de voir le FFS se soumettre aux exigences d’un pouvoir toujours enfermé dans sa logique du tout répressif.
Il est pour le moins surprenant de constater que le président du parti, Hocine AIT-AHMED, qui s’est toujours montré ferme dans sa relation avec le pouvoir se soit décidé à apporter sa caution à des élections dont rien n’indique qu’elles vont être justes et propres.
Les contorsions par lesquelles l’équipe dirigeante du FFS essaye de convaincre du bien-fondé de la participation ont du mal à dissimuler un ralliement flagrant au pouvoir. Le résultat à attendre de ce type de « marché » sera néfaste pour l’Algérie et dangereux pour la démocratie et le FFS ; mais il est du bénéfice net pour le cercle occulte des « décideurs » du parti pilote, seul, cette entreprise de liquidation du FFS en tant que parti du changement.
Les militants ont d’autres raisons d’être inquiets au regard du désordre orchestré par ce même cercle qui les mis hors-jeu des opérations de désignation des candidats aux élections. Il faut voir dans les extravagances de la commission nationale un vrai travail de dispersion des militants au moment précis où leur unité et leur cohésion peuvent contrarier les desseins de tous les impatients qui rêvent d’intégrer le système et profiter de la rente. Les listes imposées à la base sont un modèle de tromperie délibérée et dérisoire. Le choix des candidats s’est arrêté sur de nouvelles recrues –des féodalités anciennes associées à la cohorte des gens pressés- découvertes par le cercle occulte qui peut s’assurer, pour l’avenir, des militants aux ordres et des élus reconnaissants. Ces nouvelles recrues ne sont ni des engagements reconnus ni des compétences avérées … à l’image de ceux qui les ont choisies. L’affirmation de ce type de militant est annonciatrice de nouvelles turbulences internes que ne semble pas redouter la direction du parti qui veut mettre le FFS en accord avec la ligne de renoncement qui est désormais la sienne. Ce FFS « newlook » est déjà bien tenu pour permettre à ses responsables d’affronter les échéances à venir avec une base matée et résignée. Ce FFS coupé de ses racines et acquis à toutes les compromissions ouvre la voie à un débat politique encadré qui doit indigner tout militant averti et tout citoyen éclairé.
Il faut ajouter que la nouvelle direction exécute un programme ancien que le pouvoir n’a pas réussi à mettre en œuvre tant les militants sont vigilants et déterminés.
Est-il besoin de souligner que seul un débat clarificateur peut ouvrir de nouvelles perspectives aux militants en attente d’un sursaut réparateur ?
Sont-ils seulement capables de comprendre –les décideurs du parti- qu’ils ne sont plus sur la trajectoire du changement radical ?
Le dernier mauvais coup porté au FFS est la porte ouverte du parti à certains éléments représentatifs de l’affairisme, aidés dans cette intrusion par une direction livrée à elle-même et qui, modestement, se fait appeler « élite ».
Le parti des laissés pour compte va-t-il résister à sa liquidation programmé ? Faut-il laisser l’imposture l’emporter sur l’intelligence et la conviction ?
Personne ne peut ni ne doit jeter la pierre aux militants qui se sont épuisés depuis des années et qui veulent préserver le FFS d’une aventure qui va le rabaisser au niveau humiliant d’un groupe de pression à la disposition de la dictature.
LAISSAOUI Hocine, Militant du FFS.